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Un stage au Cambodge (Français)
[When and where did you intern abroad? What was your position?] Où et quand avez-vous fait votre stage? Quel était votre rôle ou poste?
Mon stage s’est déroulé à Phnom Penh, la capitale du Cambodge. J’ai travaillé en tant qu’assistante chargée de projets culturels dans un centre de ressources audiovisuelles, le Centre Bophana. Ce stage était particulier dans le sens où, techniquement, ce n’était ni un stage, ni un bénévolat, mais bien un volontariat, effectué à travers le programme de Volontariat international de la Francophonie (VIF) de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le VIF, un programme de volontariat similaire à celui de l'ONU, vise notamment à apporter une expertise professionnelle à une organisation qui fait partie de la Francophonie mondiale.
En tant que chargée de projets culturels, j’ai supervisé la gestion, la création et l’organisation d’activités culturelles tout en m’occupant des communications au sein du Centre Bophana. Nos activités visaient à promouvoir la mémoire du Cambodge, en particulier auprès des jeunes (entre 18 et 25 ans). Nous avons organisé des projections de films et documentaires, des expositions d’art et de photos, des festivals de films et autres activités similaires. J’étais aussi responsable des communications du Centre, allant des bulletins d'information et de la mise à jour du site Web jusqu’à l’organisation d’entrevues pour les journalistes.
[What made you want to intern abroad?] Qu’est-ce qui vous a motivé à effectuer un stage à l’étranger?
Il y a longtemps que j’ai la piqûre du voyage! Dans le passé, j’ai notamment étudié, voyagé et travaillé en France, effectué un séjour d’immersion en Espagne et étudié en Inde. Depuis mon séjour en Inde, j’avais envie de découvrir davantage l’Asie. Comme je me spécialise en anthropologie de l’Asie du Sud, je souhaitais vivre une expérience de plusieurs mois en Asie afin de me donner le pouls de cette région du monde et pour découvrir ses cultures.
De plus, j’avais le sentiment que je n’étais pas prête à m’établir pour de bon au Canada, mon pays d’origine. J’avais encore le goût de l’aventure, et je savais aussi que de vivre pendant un an en Asie me permettrait de mieux me préparer pour d’autre travail de recherche ethnographique en Asie lors du doctorat que je prévoyais faire plus tard. Une autre raison qui a motivé mon choix repose dans le fait que je souhaitais vivre une expérience professionnelle significative à l’étranger. Comme j’ai surtout une expérience du milieu universitaire, je sentais qu’il était important pour moi de sortir de cet environnement afin de découvrir à quoi ressemblerait ma vie si j’avais un emploi stable en dehors de l’université.
[Describe the application process. What made you successful?] Décrivez le processus d’application. Qu’est-ce qui vous a démarqué des autres candidats?
J’ai d’abord dû décider pour quel poste candidater. Je savais que je voulais vivre en Asie, alors j’ai restreint ma recherche aux postes situés dans ces régions du monde. Ensuite, j’ai limité ma recherche davantage en cherchant les postes pour lesquels j’avais le plus de compétences. J’ai conséquemment misé pour les postes dans le domaine culturel où j’avais déjà un peu d’expérience bénévole. C’est ainsi que je suis tombée sur le poste d’assistante chargée de projets culturels au Cambodge. Après avoir été retenue par l’OIF, j’ai eu une entrevue par Skype avec l’organisation recruteuse au Cambodge. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un appel de l’OIF m’indiquant que j’avais obtenu le poste. Je sautais de joie!
Je crois que mon succès dans ce processus d’embauche découle de ma polyvalence. J’ai été capable de justifier à travers mon C.V., ma lettre d’intention et mon entrevue que malgré mon manque d’expérience professionnelle dans l’événementiel et les communications, je savais utiliser les nombreuses compétences que j’ai acquises au cours des années afin de naviguer efficacement ce type de poste. J’ai cherché à démontrer comment ma débrouillardise, ma créativité, mon sens de l’organisation ainsi que mes compétences interculturelles allaient contribuer positivement à ce poste.
[Did you participate in extra-curricular or social activities while interning abroad? If so, how did they differ from social activities in your home culture?] Lors de votre séjour outre-mer, avez-vous participé à des activités sociales à l’extérieur du travail? Si c’est le cas, comment ces activités étaient-elles différentes de celles dans votre pays d’origine?
J’ai eu la chance lors de mon séjour au Cambodge, notamment grâce à mon travail et à mes collègues, de participer à diverses activités m’ayant permis d’apprendre à mieux connaître la culture khmère, le plus souvent dans les domaines des arts et de la culture (spectacles de danse et de musique, soirées karaoké, voyages, etc.). Mais je crois que l’expérience qui m’a le plus marquée est le mariage cambodgien. C’est lors de cet événement que j’ai appris à boire de la bière avec une paille et de la glace, à la khmère! J’y ai aussi découvert les festins cambodgiens, appris quelques pas de danse, et vécu le malaise d’être une femme blanche dans la campagne cambodgienne et conséquemment de me faire épier comme une bête de cirque…
La vie dans un pays en développement comme le Cambodge nous fait réaliser la valeur du quotidien et tout le confort (qui n’est pas gratuit, certes) que nous possédons en Amérique du Nord. Les Cambodgiens sont des gens simples, débrouillards et souriants qui demandent peu et en retirent beaucoup. Ils prennent le temps de vivre (contrairement à nous qui courons toujours!) et de savourer les moments passés entre amis et collègues.
[What made your experience abroad a success?] En quoi votre expérience à l’étranger s’est-elle avérée une réussite?
Je peux évaluer le succès de mon expérience à l’étranger sur plusieurs plans. D’abord, je crois que ce fût une réussite professionnelle compte tenu des résultats de mon année de travail. J’ai réussi à atteindre (et parfois même dépasser) la grande majorité des objectifs qui avaient été fixés pour mon mandat. J’ai notamment réussi à mieux faire connaître le Centre Bophana, j’ai établi un système de communications plus efficace, j’ai réussi à augmenter le nombre d’activités culturelles annuelles, et j’ai supervisé et formé d’autres membres du personnel afin que les nouveaux éléments que j’ai implantés ne soient pas laissés de côté.
Sur le plan personnel, je considère aussi mon expérience comme une réussite. J’ai beaucoup appris de mon année en Asie et je sens que j’ai solidifié mes compétences interculturelles. Ma bonne humeur, mon sens de l’humour, ma sociabilité et mon ouverture d’esprit ont sans contredit contribué à mon succès. Cette expérience m’a donné plus confiance en moi-même et m’a montré que la persévérance et la motivation sont des qualités qui peuvent nous mener bien loin!
[How did you deal with the cultural divide during your internship?] Comment avez-vous géré les divergences culturelles lors de votre stage?
La première chose que j’ai faite afin de diminuer le fossé entre ma culture et celle des Cambodgiens, c’est de m’inscrire à des cours de langue khmère. En apprenant les rudiments de la langue khmère, j’ai été en mesure de mieux comprendre mes collègues au travail lorsqu’ils parlaient en cambodgien tout en me permettant de me mêler à la foule (aller au marché, marchander et commander mes repas en khmer…).
J’ai aussi choisi de discuter avec mes collègues de travail et de passer du temps avec eux en dehors d’un contexte professionnel. Les Cambodgiens prennent toujours le temps de discuter entre eux (et de prendre de nombreuses collations!) pendant et après le travail. Lorsque nous organisions une petite fête au travail, je m'assurais d’y participer et de discuter avec mes collègues : ils ont beaucoup apprécié ces efforts.
Bien entendu, les Cambodgiens ne partagent pas nécessairement les mêmes passe-temps que nous, Nord-Américains, et j’ai trouvé que c’était l’embûche la plus importante pour se faire des amis au Cambodge. Les personnes avec qui j’ai développé des liens d’amitié plus forts étaient en effet des Cambodgiens qui avaient déjà une expérience de voyage et un niveau d’éducation plus élevé que la moyenne.
[What was the most important thing you learned about communicating in a foreign culture?] Quelle est la chose la plus importante que vous avez apprise concernant la communication interculturelle?
Je crois que la chose la plus importante que j’ai apprise concernant la communication interculturelle, c’est de savoir être à l’écoute et bien observer son entourage. Les Cambodgiens sont des gens qui, malgré leur esprit chaleureux, sont parfois timides avec les étrangers, surtout s’ils considèrent que nous faisons partie d’un rang « plus élevé » en terme hiérarchique ou éducatif. En apprenant à écouter mes collègues et en les observant lorsqu’ils discutaient entre eux, j’ai rapidement su adapter mon comportement et mon discours afin que tout le monde se sente plus à l’aise. J’ai toujours cherché à garder le sourire avec eux (c’est important pour les Cambodgiens, car ils sourient et rient tout le temps!), à utiliser de mon humour et de ma bonne humeur, à rester polie et à les encourager à me donner des conseils ou à m’aider au travail. Cela pouvait parfois s’avérer difficile, car mes collègues avaient souvent l’impression que j’étais une experte dans mon domaine, alors que ce n’était pas nécessairement le cas et que j’avais moi aussi beaucoup à apprendre d’eux. Avec un peu de temps, j’ai réussi à les mettre en confiance afin qu’ils se sentent moins intimidés de me parler.
[What is your number one tip for anyone hoping to follow in your footsteps?] Quel est votre principal conseil pour celles et ceux qui souhaitent suivre votre exemple?
Je vous dirais de ne jamais douter et de foncer! Mon expérience au Cambodge m’a fait comprendre qu’avec de la persévérance, de la créativité, de l’assurance et de l’audace, on peut aller loin. Même si je n’avais pas le profil idéal pour mon poste, je me suis rendue jusqu’au bout du processus de sélection et j’ai été récompensée pour mes efforts. Je suis très fière d’avoir été embauchée et d’avoir pu vivre une année incroyable dans un pays si différent du mien. C’est aussi une expérience qui m’a ouvert d’autres portes et qui m’a permis de me créer un petit réseau professionnel et académique. Tous mes efforts n’auront certainement pas été vains, et les résultats en valaient le coup!
[What did you miss most about home?] Qu’est-ce qui vous a le plus manqué lors de votre séjour?
Étrangement, la chose qui m’a le plus manquée était probablement les saisons! J’ai été surprise de souffrir autant de la chaleur au Cambodge et d’être si nostalgique des tempêtes de neige, de l’odeur des saisons et du froid. Je me suis aussi ennuyée du confort de ma vie au Canada. Non pas que je n’avais pas de confort au Cambodge – au contraire, je pouvais facilement vivre dans le luxe dans ce pays, bien que je n’y ai pas trop succombé et que j’ai continué à mener un style de vie assez simple. Toutefois, j’avais hâte de retrouver mon confort biologique au Canada, à savoir que je n’aurais plus à faire aussi attention au type de nourriture que je mange, aux boissons que je consomme, aux blessures et aux infections, et à rester en tout temps bien hydratée afin de maintenir un état de santé optimal. Je crois que nous prenons souvent pour acquis à quel point notre style de vie nord-américain facilite notre état de santé. Dans un pays tropical comme le Cambodge, il faut toujours être sur nos gardes sur ce plan et consulter un médecin au moindre doute pour éviter que notre état se détériore.
[What are your future plans for going abroad and for your career?] Quels sont vos plans futurs concernant votre vie à l’étranger et votre carrière?
Pour le moment, j’effectue un doctorat afin de pouvoir enseigner au niveau universitaire en sciences des religions ou en anthropologie dans le futur. Il est vrai que j’aurais pu passer directement à cette étape après ma maîtrise plutôt que de prendre trois années de pause pour explorer le marché du travail. Pourtant, je ne regrette certainement pas mon choix, même si j’ai décidé, au bout du compte, de revenir à ma décision initiale et de faire un doctorat après mon expérience au Cambodge. Mon stage m’a permis non seulement d’acquérir une solide expérience professionnelle à l’étranger, mais aussi de mieux connaître et naviguer une culture très différente de la mienne tout en me permettant d’explorer un univers professionnel hors du domaine académique. Cette expérience m’a donné confiance en moi-même et m’a confirmé que je possédais les qualités professionnelles nécessaires pour obtenir du succès dans un poste et un domaine où je n’avais préalablement pas vraiment d’expérience. À présent, je me sens plus à l’aise à entamer un doctorat où j’aurai à faire du travail de recherche en Inde : cela constitue mon principal projet de voyage dans le futur!